Mercredi 30 mars 2022, de 14h à 14h45
Théâtre de Saint-Dizier
Monumentalité, le terme recouvre une réalité immédiate, la visibilité. Dans le cas de l’Iliade, aucune erreur n’est possible : Troie s’impose dans le paysage du légendaire conflit entre Grecs et Troyens avec ses hauts remparts, érigés par deux dieux, Poséidon et Apollon, son acropole où dominent fièrement temples et palais royal, sa belle ville aux larges rues. Le territoire lui-même est jalonné de marqueurs d’espace, les tertres funéraires, qui légitiment l’emprise de la dynastie de Priam. En face de cette éclatante puissance, les Grecs n’ont à leur actif que la construction éphémère d’un mur destiné à protéger leurs nefs, seul espoir de retour dans leur patrie. Vision simpliste, car la véritable monumentalité, dans son sens à la fois d’avertissement et de repère mémoriel (du latin monere) se trouve du côté de ces Grecs divisés et porteurs d’hubris par qui arrive l’inéluctable tragédie.